Anna Mouglalis

Né à Nantes, Anna Mouglalis découvre l'art dramatique alors qu'elle suit un petit ami comédien à Paris. Ni une ni deux, elle quitte les bancs d'hypokhâgne et devient assistante réalisatrice sur un court métrage, avant de s'improviser actrice dans le cadre de courts réalisés au sein de la Fémis. Puis elle décroche un rôle important dans une pièce de Wedekind, pièce qu'elle va suivre en tournée pendant un an.

A 19 ans, le virus l'a atteint et sa carrière est prête à décoller. Au cinéma, c'est Francis Girod qui s'intéresse le premier à son visage félin : il lui offre le rôle d'une lycéenne dans son drame scolaire Terminale. Mais Anna comprend qu'il lui faut d'abord apprendre son métier avant de l'exercer, et entre au Conservatoire où elle restera pendant quatre ans.

Après une participation à La captive (une lesbienne !) de Chantal Akerman, elle décroche le gros lot en incarnant le rôle d'une jeune pianiste qui s'immisce dans la vie du couple formé par Isabelle Huppert et Jacques Dutronc dans Merci pour le chocolat de Claude Chabrol.

Immédiatement remarquée par le grand public comme par les cinéphiles, la jeune actrice enchaîne dès lors les tournages : prostituée aux cheveux courts dans le très étrange "La vie nouvelle" (dans lequel elle pousse aussi la chansonnette), elle apparait ensuite en intérimaire ensorceleuse dans le non moins bizarre "Novo", ainsi qu'en sémillante avocate dans le difficilement qualifiable "Le loup de la côte Ouest.

«Au cinéma, les femmes, ça reste des mamans ou des putains », affirme-t-elle sans ambages à propos de son rôle dans le film italien Romanzo criminale, en lice pour l'Ours d'or au Festival de Berlin. «Et moi, je fais la putain», ajoute dans un éclat de rire la comédienne. Elle y incarne Patrizia, une prostituée de haut vol, seule femme dans un univers très masculin puisqu'elle est la maîtresse du Dandy (Claudio Santamaria), l'un des criminels qui part à la conquête du milieu romain dans les années 60. « C'est un rôle assez classique : c'est à travers elle, cette femme un peu fatale, que le policier (joué par Stefano Accorsi) obtient les éléments pour rencontrer la bande. Au niveau de la progression dramatique, c'est un personnage fondamental », observe-t-elle. « Je m'intéresse aux personnages qui résistent à tout, qui deviennent des personnages mythologiques, comme Marie-Madeleine, l'une des grandes figures féminines », ajoute l'actrice.

Anna Mouglalis travaille beaucoup en Italie. Sous le charme de la péninsule, elle trouve « qu'il y a un vrai sens de la démesure en Italie ». «J'aime cette espèce de diversité de rythme. Sur un plateau, quand il y a ne serait-ce qu'un petit problème, ça devient tout de suite une tragédie »